Martine Gouil est bénévole aux Échappées de Noël. Malgré son handicap, elle a fait son trou au sein des très nombreux bénévoles qui participent à l’événement.
« Écrivez juste Martine. Tout le monde me connaît comme ça ». Aux Échappées de Noël, Martine Gouil, 64 ans, est une personnalité. Pas besoin de donner son nom de famille. Assise dans son fauteuil roulant, un gros bonnet sur les oreilles, elle tient tous les après-midi la petite caisse bleue des consignes, sous le chapiteau du Jardin de l’évêché. Beaucoup viennent la saluer en passant.
Mais devenir bénévole n’a pas été évident. Handicapée, atteinte de la maladie des os de verre, son profil décourageait les festivals quand elle tentait de s’inscrire directement : « Ils trouvaient que ce n’est pas possible » ne sachant pas quelle tâche lui confier. Elle ne leur en garde pas rancune : « Je comprends, c’est naturel ».
On existe. C’est comme quand on travaille, on voit du monde, j’aime bien
Internet
Il a fallu être plus malin. Il y a de ça « au moins sept ans », elle a trouvé une parade : « J’ai réussi à m’inscrire grâce à internet ». Sans faire mention de son handicap. Elle s’est ensuite présentée comme si de rien n’était. « Je me suis retrouvée à faire les entrées le dimanche matin du festival de Cornouaille. Ben, j’ai fait comme tout le monde, j’ai rendu la monnaie ! Ensuite, personne n’a rien eu à redire ».
Depuis, elle écume les festivals du coin comme bénévole : Feu de la Saint-Jean au Moulin-Vert, Festival interceltique, Festival de Cornouaille, Échappées de Noël… « Si vous m’en trouvez d’autres, j’irai », rit-elle. « Dès que j’ai une occasion, j’en profite. C’est mon antidépresseur ». Ce qui la motive ? « On existe. C’est comme quand on travaille, on voit du monde, j’aime bien ».
Marsienne »
Ayant grandi à Camaret, Martine se souvient qu’enfant « les sœurs me disaient que je n’étais bonne à rien. Y en a qui le prennent mal, d’autres que ça booste ». On l’envoie « quatre fois à Lourdes pour être guérie ». Mais point de miracle.
Qu’importe. Elle passe un CAP de couture dans l’Allier, fait de la retouche à la maison, se débrouille pour vivre de manière autonome dans un appartement à Quimper, travaille dans une maison de confection de costumes, élève deux enfants… Le tout, ponctué de nombreuses fractures liées à son handicap et de moments difficiles. Comme lorsqu’elle a débarqué pour la première fois à Quimper, âgée d’une vingtaine d’années, après avoir, jusque-là, vécu en institution. « J’étais perdue », se souvient-elle. Mais, « je ne vais pas me laisser abattre », répète-t-elle sans cesse. Bien que, « des fois, je me sens un peu Marsienne ».
Elle se garde de le dire, mais elle est aussi au conseil d’administration de la Maison pour tous du Moulin-Vert. Pascal Valas, le directeur, résume : « C’est une sacrée ! »